Affaire Karachi : prison ferme pour six prévenus, dont des proches d’Edouard Balladur, dans le volet financier
La justice a durement sanctionné les prévenus qui ne pouvaient ignorer « l’origine douteuse » des fonds versés pour la campagne présidentielle de Balladur en 1995.
Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 14h53, mis à jour à 19h12
Vingt-cinq ans après les faits, le tribunal correctionnel de Paris a condamné, lundi 15 juin, à des peines de deux à cinq ans de prison ferme six prévenus dans le volet financier de l’affaire Karachi, concernant des commissions occultes sur des contrats d’armements signés en 1994 avec l’Arabie saoudite et le Pakistan.
Le tribunal a durement sanctionné les anciens proches de l’ex-premier ministre Edouard Balladur, qui ne pouvaient ignorer « l’origine douteuse » des fonds versés sur le compte de la campagne présidentielle malheureuse de 1995 et issus de rétrocommissions illégales.
Ce premier jugement sonne comme un avertissement pour l’ancien premier ministre et son ministre de la défense, François Léotard, dont le procès aura lieu dans les prochains mois devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres pour des infractions commises au cours de leur mandat.
En octobre, le parquet de Paris avait requis des peines allant de dix-huit mois ferme à sept ans de prison contre ces six prévenus : un industriel (Dominique Castellan), trois politiques (Renaud Donnedieu de Vabres, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire) et deux intermédiaires (Ziad Takieddine et Abdul Rahman Al-Assir), pour abus de biens sociaux, complicité ou recel de ce délit – un éventuel financement politique illégal étant prescrit.
...
Cinq ans de prison pour Ziad Takieddine
La plus lourde peine, cinq ans de prison, a été infligée aux intermédiaires du « réseau K », l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et son ancien associé Abdul Rahman Al-Assir. Tous deux étaient absents au délibéré et des mandats d’arrêt ont été émis à leur encontre.
Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet et chef de campagne d’Edouard Balladur, et Renaud Donnedieu de Vabres, alors proche collaborateur du ministre de la défense François Léotard, ont été condamnés à cinq ans de prison dont deux avec sursis et à de lourdes amendes. Le premier avait une « parfaite connaissance » de l’arrivée de 10,25 millions de francs sur le compte de campagne, et le second pour avoir imposé le « réseau K ».
Thierry Gaubert, alors au ministère du budget et impliqué dans la campagne, a été condamné à quatre ans, dont deux avec sursis, et à une amende. Enfin, Dominique Castellan, alors patron de la DCNI, a été condamné à trois ans dont un avec sursis.
...
Léotard et Balladur devraient donc être jugés par la CJR. Ce sont les comparses qui ont payé ce jour.