La Raison

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 12 mars 2010, 15:29:00

Bonjour à tous,

La raison
  Définitions
   1/ La raison subjective,
   C'est une faculté de connaissance qui permet à l'homme de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, le réel de l'illusoire, donc de juger, de raisonner, et d'agir en conséquence.

ex: en appeler à la raison de quelqu'un; perdre la raison.

2/ La raison objective,
C'est le principe d'explication d'un fait, d'un comportement, d'une idée...

ex: L'ivresse du conducteur est la raison (= cause) de l'accident.

Dans ce cas la raison n'est pas une faculté subjective mais une réalité objective : un ordre, interne à la réalité, qui le rend intelligible (compréhensible par l'intelligence).

Dans une certaine mesure, le second sens se ramène au premier, en effet la raison cherche à rendre le monde intelligible en déterminant des principes d'explication de la réalité, d'où la définition de Kant, de la raison comme "faculté des principes".

Les représentations :
  
 
Les représentations ordinaires de la raison amalgament de manière confuse les différentes formes de la raison que la réflexion philosophique s'est au contraire efforcée de distinguer et d'opposer. Elles s'ordonnent cependant autour d'une idée centrale.

Raison=bon sens.
C'est à dire, la faculté de juger avec clarté et distinction, dans laquelle on reconnait la tradition cartésienne. Ce qui signifie tout à la fois :

1/ La sagesse, la raison comme faculté d'agir raisonnablement, avec modération et prudence, sans excès, en essayant de prendre conscience et connaissance des conditions et conséquences de nos actes. En ce sens, la raison s'oppose à toute forme d'excès, notamment ceux que peuvent entrainer la passion et la folie, d'où l'expression garder raison.

On retrouve ici l'écho de la SOPHIA (sagesse) des Grecs, impliquant à la fois la connaissance théorique du monde et un état de parfait équilibre intérieur (équilibre de l'âme) appelé ATARAXIE.

2/ Le logos, la raison comme faculté de produire un discours convaincant, de l'emporter dans une discussion par un exposé clair, ordonné d'arguments plus puissant que ceux de l'adversaire : Avoir raison.

On retrouve ici la conception grecque du LOGOS, discours rationnel ou raison discursive, en principe universellement valable parce que compréhensible et recevable par tous du fait de l'universalité de la raison parmi les hommes.

3/ L'esprit critique, la raison comme refus des dogmes et des croyances imposés par une autorité quelconque (politique ou religieuse), revendication de la capacité d'examiner une question par soi même; la volonté d'autonomie de la réflexion, d'où l'expression l'age de raison.

On retrouve ici l'héritage à la fois du doute méthodique de Descartes, et de la philosophie des lumières, qui exige à chacun de ne tenir une proposition pour vrais qu'après l'avoir soumis à un examen critique de sa faculté propre de penser.

Rentrons maintenant dans le vif du sujet,

Le Concept :
     La raison théorique. (je vous épargne la raison pratique, ce serait trop long)

La raison est l'ensemble des principes qui président à la production d'un discours, cohérent, universel et nécessaire.

Trois niveaux au sein de la raison théorique :
   
1/ La rationalité logique, c'est l'ensemble des principes formels, c'est à dire indépendants de la natures même de l'objet de la connaissance, que doit respecter toute connaissance et toute pensée en général, il s'agit :

-du principe d'identité : A=A
Dans un discours ou dans une discussion, le sens d'un terme, son concept, doit rester identique à lui même.
-du principe de non contradiction : A n'est pas non-A.
Un terme ne peut pas être simultanément quelque chose et son contraire.
 -du principe du tiers exclus : entre A et non-A, il n'y a pas de troisième terme possible.
C'est trois principes ont été énoncés par Aristote, c'est la base de la logique formelle.

2/ La rationalité analytique :

Les principes précédents permettent de développer des sciences formelles comme la logique et les mathématiques, mais ils ne nous disent pas comment développer une connaissance effective (une réalité).
Connaitre une réalité, c'est d'abord l'analyser : la diviser, la décomposer, la pénétrer en en brisant l'unité, la simplicité apparente pour en dégager différents aspects ou éléments. Par cette opération, la raison parvient à déterminer :
-des identités : à percevoir l'unité au sein de la multiplicité, l'identité au sein de l'altérité;
-des régularités : des lois et des principes d'ordre au sein du désordre apparent des phénomènes.
-des stabilités : des invariances et des permanences sous le couvert du continuel changement de la réalité.
Cette analyse aboutit ainsi à réduire la réalité à une série d'abstractions : des concepts, des types, des classifications, des schémas, des tableaux, des graphes, des données numériques ... etc ...
Descartes fut l'une des précurseur de la rationalité analytique, via son Discours de la méthode.

Et enfin, 3/ la rationalité dialectique :

La raison analytique écarte écarte certains aspects de la réalité à connaître qu'il lui faut restituer, c'est là le propre de la rationalité dialectique
Elle comprend toute réalité :
- dans sa totalité : en restituant les rapports complexes entre les différents éléments qui la composent, que la rationalité analytique tend au contraire à séparer et à considérer distinctement.
- dans ses contradictions ; en montrant que toute réalité contient elle-même le principe de sa propre négation sous la forme de contradictions entre ses éléments constitutifs, qui en font toujours une réalité en devenir.
- dans ses possibilités ; en mettant à jour en chaque réalité les germes d'une réalité différente, soit les tendances à l'auto-dépassement qui lui sont inhérentes.

La rationalité dialectique cherche ainsi à saisir la réalité dans le mouvement qui la produit et qui la détruit en tant qu'unité complexe d'une multiplicité d'évènement.
   
Hegel a mis en évidence la nécessité de dépasser la rationalité analytique (qu'il nommait entendement) en une rationalité supérieure d'ordre dialectique.

Voila, merci d'avoir tout lus, ce fut un peu long, mais ça le mérite d'être presque complet.

Qu'en pensez vous ?
Que pensez vous des différents termes abordés, du concept...?

Goya disait "Le sommeil de la raison engendre des monstres" La philosophie n'aurait alors d'autres buts de rappeler l'homme à la raison.
Pourtant des philosophes se méfient de la raison, et pas des moindres Nietsche, Schopenhauer...  tout comme les sceptiques et les cyniques de l'antiquité.

Faut t'il se méfier de la raison?
Ou faut t'il privilégier la raison?
    

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Libre Plume
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Message non lu par Libre Plume » 02 avr. 2010, 21:55:00

Pour Nietzsche, l'homme ne peut supporter rationnellement la réalité quand elle dérange ses préjugés.
 

Beaucoup de gens sont de plus en plus matérialiste, tout en revendiquant les méfaits de la mondialisation, ils veulent le dernier modèle de téléphone portable ou de PlayStation, par ailleurs ils veulent aussi jouir pleinement d’Internet, un outil mondialiste.
 

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racaille
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Message non lu par racaille » 16 mai 2010, 22:03:00

Hélas parfois la Raison oublie que "Je est un autre" ;)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par Nombrilist » 16 mai 2010, 23:04:00

Que dire ? Sinon que le passé n'est jamais certain. Et que par conséquent, la raison objective n'existe pas.

L'ivresse du conducteur est la raison (= cause) de l'accident. --> Si ça se trouve, il a eu une attaque, ou bien une crise d'épilepsie, ou une migraine etc...

L'ivresse est simplement l'hypothèse la plus probable et donc l'hypothèse retenue. C'est du raisonnement scientifique.

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Message non lu par racaille » 31 mai 2010, 22:57:00

Tiens, à propos de la raison dialectique... J'ai lu un papier hier soir qui décrivait succinctement un nouveau type de dialectique qui ne se fonde pas sur une simple dualité mais sur une matrice de six concepts. Ca s'appelle justement la dialectique matricielle. L'intérêt, d'après ce que j'en ai compris, c'est entre autre de savoir dépasser systématiquement certaines antinomies qui ne pouvaient être résolues par la dialectique traditionnelle héritée de Hegel. C'est à creuser, ça a l'air d'être assez nouveau.

--> http://www.univ-corse.fr/~franceschi/Le plan dialectique.htm
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Message non lu par Nombrilist » 31 mai 2010, 23:19:00

J'ai rien compris, et pourtant, je suis assez bon en maths. Je ne vois pas bien à quoi ça sert son truc.

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Message non lu par racaille » 01 juin 2010, 14:43:00

Ben c'est une méthode destinée à créer des plans dialectiques. Par exemple pour un jeune qui passe son bac philo, ça peut être extrêmement utile pour construire son plan en fonction de la thèse ("question") posée et faire mouche à tous les coups. A priori, dans l'article, le côté matheux avec tous ces signes cabalistiques n'est pas crucial pour comprendre la méthode.
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Message non lu par Nombrilist » 02 juin 2010, 08:21:00

En ce cas, c'est que mon hermétisme à la dialectique (dont je ne saurais donner une définition) n'est toujours pas terminé ^^.

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Message non lu par paroleV » 02 juin 2010, 17:13:00

je trouve la question pertinente, quoique le texte m'a été enrichissant. Je crois c'est d'abord relatif au contexte : entre juger un évènement d'actualité et choisir la bonne solution pour aider un ami, par exemple. D'ailleurs, je crois que la question faut-il se méfier de la raison ? Ou l'a privilégier est particulièrement intéressante dans le cas d'un procès ou d'une enquête policière.
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Message non lu par racaille » 03 juin 2010, 00:15:00

Ca me fait penser que certaines personnes tiennent l'instinct/l'intuition pour contraire à la raison mais je trouve personnellement que les deux se complètent bien. Surtout en science par exemple.
Nombrilist a écrit :En ce cas, c'est que mon hermétisme à la dialectique (dont je ne saurais donner une définition) n'est toujours pas terminé ^^.
Hehe moi aussi j'ai toujours eu du mal avec l'idée de dialectique mais je m'accroche comme un bon gros masochiste :D
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Message non lu par Nombrilist » 03 juin 2010, 10:51:00

L'instinct n'est pas le contraire de la raison. C'est simplement différent. Quand à l'intuition, elle résulte toujours d'un raisonnement, et donc, de la raison.

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Message non lu par racaille » 04 juin 2010, 13:26:00

Je me souviens d'un livre intitulé "La théorie du chaos" de James Gleick, où il est relaté comment le mathématicien Mitchell Feigenbaum a eu l'intuition des "constantes de Feigenbaum". A l'époque il dormait deux heures par nuit depuis quelques semaines, il se nourrissait de café et, à un moment donné, il est allé errer dans un parc comme un zombie ; jusqu'à ce que son esprit finisse par s'attacher à un détail insignifiant, évoquant immédiatement en lui une analogie, lui permettant enfin de résoudre le problème sur lequel il travaillait. Je ne vois pas du tout dans cet épisode où se trouve la notion de raisonnement ! Il n'y a là ni induction, ni déduction, juste de l'association libre.

De la même manière, j'avais entendu une interview d'un prix Nobel de chimie dans les années 90, il disait à qui voulait bien l'entendre qu'il avait eu l'intuition de sa découverte lors d'un trip au LSD ;)
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Message non lu par El Fredo » 04 juin 2010, 14:15:00

Très bon livre. J'ai bien aimé l'anecdote sur Edward Lorenz (le père du fameux "effet papillon") qui insistait pour avoir une salle de bain avec douche dans son labo car c'est là qu'il y avait ses meilleures idées !
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Message non lu par racaille » 04 juin 2010, 14:26:00

Je n'arrive plus à le retrouver dans ma bibliothèque et j'ai un peu lutté pour retrouver de mémoire le nom de Feigenbaum ; j'ai lu ce livre a début des années 90 alors je n'ai plus tout en tête hélas. A l'époque nous avions eu la chance de pouvoir faire venir Mandelbrot à Paris pour nous faire une conférence sur les fractales, le pied !

Je vais essayer de me le retrouver d'occasion, ce livre est excellent pour résumer un peu la génèse de cette nouvelle branche d'étude. Un de nos profs n'hésitait pas à comparer les mathématiciens de l'envergure de Feigenbaum à de vrais artistes qui, bien que pratiquant un art totalement abstrait, ne peuvent y parvenir sans l'inspiration émanant de la Nature. Mandelbrot nous l'avait confirmé lorsqu'il nous avait parlé de sa passion pour les cartes géographique et d'où il tirait une bonne partie de son inspiration en matière de géométrie.
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Message non lu par paroleV » 04 juin 2010, 19:26:00

racaille a écrit : El Fredo De la même manière, j'avais entendu une interview d'un prix Nobel de chimie dans les années 90, il disait à qui voulait bien l'entendre qu'il avait eu l'intuition de sa découverte lors d'un trip au LSD ;)
      le raisonement scientifique peut  partir d'un intuition, oui. 'ailleurs cela me fait penser que les théories scientifiques qu'on dit rationnelles viennent qu'on les a imaginées.
   Sinon j'ai vu ce matin la thèse de Blaise Pascal, je retiens que c'est que la raison est imparfaite, insuffisante mais elle est surtout essentiel à l'homme. Qu'est-ce que l'homme sans la raison ?
 
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