« Une décision attendue » : la candidature de Poutine vue de Russie
07 déc. 2017, 16:28:46
Vladimir Poutine a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle. Réactions du monde politique russe.
Mercredi 6 décembre, Vladimir Poutine a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2018, lors d’un rassemblement consacré au 85e anniversaire de l’usine GAZ. Réactions du monde politique russe.
Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie
« Aujourd’hui, Vladimir Poutine a annoncé sa candidature à l’
élection présidentielle. Pour nous, c’est un jour historique, un jour de fête. »
Ksenia Sobtchak, journaliste, candidate à la présidentielle
« Y a-t-il eu du suspense ? Qu’y a-t-il à commenter ? Quelqu’un pensait-il qu’il en serait autrement ? Y a-t-il ne serait-ce qu’une personne pour qui la nouvelle d’aujourd’hui est une
surprise ? Pourquoi en faire toute une histoire ? »
Guennadi Ziouganov, chef du parti communiste (KPRF), candidat
« Poutine doit maintenant penser à ce qu’il dira aux gens sur ces six années de travail : la production a chuté de 8 %, neuf Russes sur dix sont dans la pauvreté depuis trois ans, le pays est visé de tous les côtés par des sanctions, la corruption fait rage… Pour l’heure, je ne vois pas chez Poutine de modèle pour l’avenir. Nous comprenons et nous soutenons sa ligne patriotique en politique étrangère, mais en politique intérieure, la « bouillie » libérale, accompagnée d’« antisoviétisme » et de « russophobie », pourrait faire subir un « infarctus » au pays. »
Boris Titov, délégué aux droits des entrepreneurs près le président, candidat
« On s’y attendait. Poutine bénéficie aujourd’hui de la confiance et du soutien d’un très grand nombre de Russes. Il sera bien entendu le grand favori de la course à la présidence. Mais son programme économique après mars 2018 suscite bien davantage d’interrogations que sa victoire au scrutin. C’est une question cruciale pour le pays. Nous participons à l’élection pour proposer à la Russie et à la société un autre modèle. Qui ne repose pas sur les matières premières. Nous proposons de nouvelles sources de croissance, de nouvelles productions et de nouveaux emplois. »
Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération
« La
déclaration de Vladimir Poutine mettra fin à l’agitation et aux tensions croissantes parmi nos concitoyens. Cette décision était attendue. »
Nikolaï Kolomeïtsev, député du parti communiste (KPRF)
« Le président fait toutes ses déclarations devant les
prolétaires. Ce n’est évidemment pas un hasard. Cette annonce n’a pas été une surprise pour notre parti. »
Andreï Tourtchak, secrétaire par intérim du conseil général du parti au pouvoir Russie unie
« Russie unie soutient évidemment la
candidature de Vladimir Poutine et lui apportera toute l’aide nécessaire. (…) Russie unie est le parti du président. Vladimir Poutine est non seulement notre fondateur mais aussi notre leader moral. Notre objectif numéro un est de mobiliser nos membres et nos partisans. »
Igor Lebedev, vice-président de la Douma et député du parti libéral-démocrate (LDPR)
« Les experts en relations publiques du Kremlin ont échoué à maintenir le suspense autour de cette annonce, bien qu’ils aient attendu jusqu’au dernier moment. (…) Le jour de cette déclaration a été mal choisi, car la mauvaise nouvelle concernant nos sportifs
[l’exclusion de la Russie des JO de Pyeongchang, ndlr] éclipse cette annonce. »
Elena Mizoulina, membre du Conseil de la Fédération
« Je soutiens cette décision. J’estime qu’il s’agit d’une initiative courageuse mais difficile pour lui – à la fois en tant qu’être humain qu’en tant qu’homme politique. »
Natalia Poklonskaïa, députée à la Douma, ancienne procureur de la république de Crimée
« Je suis pour notre président Vladimir Poutine. Les gens attendaient l’annonce de sa participation à l’élection et cette décision a été prise aujourd’hui ! J’aimerais dire qu’actuellement, on ne fait confiance qu’à notre président, qui nous a rendu à nous, Criméens, notre patrie, qui restaure la Russie et aime son peuple. Les gens le savent et le ressentent. »
Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma
« Un candidat est apparu, à qui, en tant qu’électeur, je donnerai ma voix. (…) Je pense que c’est une bonne chose que Vladimir Poutine ait pris cette décision, car notre pays a effectivement un leader national. L’élite et la société le soutiennent. Notre système politique est tel que les programmes électoraux sous forme de brochures contenant une multitude de paragraphes et de belles promesses n’intéressent guère nos électeurs. Ils jugent les politiques sur des actes concrets. Derrière Vladimir Poutine se tiennent des réussites réelles. Il s’agit pour moi de son principal programme. »
Vladimir Jirinovski, chef du parti libéral-démocrate (LDPR), candidat
« Vladimir Poutine aurait dû attendre encore et ne faire cette déclaration que début janvier. Cela l’aurait aidé à sonder le pays, à voir les réactions des différents groupes économiques, des centres politiques et de l’Occident. En Russie, il n’y a que
moi et Poutine. Qui sont les autres ? »
Konstantin Simonov, directeur du Fonds pour la sécurité énergétique nationale
« La structure même de notre système politique ne lui a tout simplement pas laissé le choix. Il est évident que notre système politique actuel n’est pas prêt à une vie sans Poutine. (…) Chacun comprend Poutine à sa manière. Cela fait longtemps que chaque citoyen voit en lui une partie de lui-même. Les gens ont souvent des opinions directement contradictoires mais ils considèrent Poutine comme leur président, celui qui défend leurs opinions. C’est là-dessus que repose l’essentiel de sa popularité. Idéologiquement, Poutine est relativement souple. Lundi, il est libéral, mardi étatiste, mercredi conservateur. (…) Vladimir Poutine suit clairement le principe « Je suis avec le peuple, je comprends le peuple » et, sur ce plan, annoncer sa candidature entouré de citoyens lambda était tout à fait logique. Mais le plus important, c’est qu’on assiste aujourd’hui à une lutte pour ce que fera Poutine lors de son prochain mandat. Le président reçoit différentes propositions de programmes. »
Mikhaïl Emelianov, premier vice-président du parti Russie juste à la Douma
« Du nouveau mandat de Vladimir Poutine, nous attendons surtout des réformes socio-économiques. Nous sommes satisfaits de la manière dont il tient ses engagements constitutionnels, dont il mène sa politique étrangère et dont il défend l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’État russe. Mais nous aimerions des changements en faveur de l’économie réelle. Pour le moment, la Banque centrale et le gouvernement soutiennent principalement le secteur financier, les importations et le commerce. Alors que l’économie réelle et l’industrie de transformation sont malheureusement en dépression. »
Lev Schlosberg, membre du comité politique fédéral du parti Iabloko
« Il n’y a eu aucun suspense. Tout le monde savait que Poutine allait briguer un quatrième mandat. Tous ses actes personnels, ceux de son administration et du gouvernement l’annonçaient. Mais le pays traverse une crise politique, économique et sociale, pour laquelle Poutine n’a pas de solution. Voilà pourquoi, pour lui, plus la campagne électorale sera courte, mieux ce sera. »
Viatcheslav Volodine, président de la Douma
« Cette
décision était attendue. Mais à force de l’attendre, on commençait à s’inquiéter qu’elle n’arrive pas. Cette décision nous donne confiance en l’avenir, car notre président a prouvé par tous ses actes et son service à notre pays que nous pouvions faire beaucoup de choses. Et, en tant que chef d’État, aux moments les plus difficiles, il a toujours tout fait pour défendre les habitants et le pays. »
Traduit par
Maïlis Destrée
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