Il faut pouvoir défendre une indépendance (une souveraineté) de fait.wesker a écrit : ↑12 juin 2018, 23:22:52Que penses tu Yakiv de cette situation ?
souvent prompt à défendre les valeurs occidentales et à expliquer combien la Russie en est éloignée, je te trouve étrangement relativement silencieux que cette question qui laisse, après le retrait de la signature américaine au G7, relativement songeur quant à la promotion de valeurs.
J'ai, un peu le sentiment que les Etats Unis décident d'une orientation geostratégique nouvelle, cela devrait interroger, à nouveau sur la teneur des objectifs stratégiques de la coalition et, surtout de la pertinence de disposer d'une véritable indépendance en matière diplomatique, politique et militaire, même si cela n'est en rien incompatible avec nos valeurs ou nos engagements et des partenariats avec nos alliés..
Or l'indépendance, ça ne consiste pas à s'opposer aux USA en toutes circonstances, c'est pouvoir affirmer et faire ce qu'on veut, quand on veut.
Je dirais plusieurs choses sur ce dossier.
Sur la forme tout d'abord. Cet enchaînement des faits avec la Corée du Nord est totalement à l'image de ce qu'est Trump : totalement imprévisible. Tout est possible avec lui. Une guerre avec la Corée du Nord n'était pas totalement exclue (d'ailleurs je crois qu'à un moment, on a jamais été aussi proche de ça depuis plusieurs décennies), tout comme la possibilité de se faire un grand copain à l'image de Kim-Rodman (l'autre couillon a d'ailleurs pleuré de joie...). Cela dit, on voit bien avec l'exemple Macron que le cinéma qu'ils peuvent faire devant les caméras n'est pas forcément révélateur d'une convergence réelle. Et enfin, pour le coup que Trump ou Kim change encore une fois d'avis, je ne parlerais pas sérieusement d'une "orientation géostratégique nouvelle". Il faut quand même pas oublier que les 2 là sont fous.
Sur le fond, moi je ne suis pas du tout chaud vis-à-vis de ce rapprochement avec les nord-coréens (même si Kim offre des contreparties aux occidentaux). Sur la question, je défendrais plutôt un avis "japonais" (voir ci-dessous), bien que mon avis soit minoritaire et que tout le monde à peu près salut une "initiative de paix historique."
Corée du Nord: Avoir un allié comme Trump «est un cauchemar pour les Japonais»
L'annonce par Donald Trump de l'arrêt des manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud a pris de court au Japon, en Corée, et même à Washington...
Donald Trump et le Premier ministre Shinzo Abe à Kawagoe, près de Tokyo, le 5 novembre 2017. — Andrew Harnik/AP/SIPA
De notre correspondant à Tokyo,
En pleine euphorie post-sommet, une déclaration de Donald Trump a provoqué de nombreux haussements de sourcils à Séoul, à Tokyo et même à Washington. A la sortie de sa rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un mardi, le président américain a annoncé que les Etats-Unis allaient cesser leurs manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud.
Cette concession sur une revendication de longue date de Pyongyang, pour qui ces entraînements sont une préparation à l’invasion militaire de son sol, a profondément surpris les voisins de l’Etat ermite. La Corée du Sud et le Japon considèrent en effet que la présence militaire américaine joue un « rôle vital dans la sécurité de l’Asie de l’Est », a rappelé mercredi le ministre nippon de la Défense Itsunori Onodera. Séoul a souligné de son côté qu’elle n’avait pas été mise au courant de cette annonce, pas plus que le commandement militaire américain en Corée du Sud.
La sortie de Trump « va au-delà de tout ce sur quoi s’accordent les experts », estime Adam Mount, de la Federation of American Scientists. Le Pentagone lui-même a semblé pris de court, avant que le ministre américain de la Défense Jim Mattis finisse par assurer qu’il n’avait « pas été surpris » et qu’il « avait été consulté ».
« Le Japon attend que la camaraderie et l’euphorie s’effilochent »
Vingt-quatre heures après le « sommet historique », beaucoup doutent cependant du sérieux de cet engagement. « Trump dit ou tweete des choses comme ça, de but en blanc, estime Jeff Kingston, directeur des études sur l’Asie à l’université Temple de Tokyo, interrogé par 20 Minutes. Mais un porte-parole finira, comme c’est souvent le cas avec ses commentaires les plus extrêmes, par "clarifier" ses propos, c’est-à-dire par revenir sur ce qui a été dit. »
Si cet engagement sans contrepartie de Donald Trump se confirmait, il serait de nature à provoquer la panique au Japon, aux premières loges lors des tirs de missiles nord-coréens de l’an dernier, dont certains ont survolé son territoire. « Le gouvernement japonais est très sceptique sur la fiabilité de Kim et de ses promesses, rappelle le chercheur. [Le Premier ministre nippon Shinzo] Abe était ravi quand Trump a annulé le sommet, et espérait qu’il ne déboucherait sur rien. Il attend maintenant que la camaraderie et l’euphorie affichées à Singapour s’effilochent, quand il apparaîtra que Kim ne respectera pas ses promesses et que Trump s’apercevra qu’il s’est engagé sans garanties en retour. »
« Un cauchemar pour les Japonais »
Mardi soir, Shinzo Abe a déclaré son soutien à « ce premier pas vers une résolution d’ensemble des questions concernant la Corée du Nord », remerciant Donald Trump d’avoir évoqué le sort des Japonais enlevés par le régime de Pyongyang. La question de ces hommes, femmes, et même une adolescente de 13 ans, kidnappés par les services secrets nord-coréens dans les années 1970 et 1980 pour former des espions à la langue et la culture japonaises, est cruciale pour le gouvernement nippon, qui en a fait un préalable à toute normalisation des relations avec la Corée du Nord.
Jusque récemment, Tokyo et Washington étaient d’ailleurs sur la même longueur d’onde pour appliquer une « pression maximale » sur le régime de Kim Jong-un, mais Donald Trump a décidé d’abandonner le terme avant de rencontrer le dirigeant nord-coréen. « Abe a été surpris, comme la quasi-totalité des dirigeants du monde, par les zigzags de Trump », note Jeff Kingston. Selon le chercheur, gérer cet allié important et ses sorties inattendues quasi quotidiennes est « un cauchemar pour les Japonais, méticuleux sur les détails, le consensus et la négociation ».
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