Joachim Son-Forget : Le « roi des trolls » fonde son parti politique
31 déc. 2018, 13:40:00
VIDÉO. Après ses frasques, le député fantasque a quitté LREM pour créer sa propre organisation politique. Portrait d'un parlementaire sur la ligne de crête.
Plus rien n'arrête le député des Français de l'étranger, Joachim Son-Forget ! Après
ses accès de fièvre tweeteuse qui l'ont mené à sa démission de La République en marche, voilà qu'il décide de lancer son propre parti baptisé Je suis français et européen. Il prévient : « Je suis désormais libre de dire ce que je pense », une promesse qui augure quelques nouvelles séquences politiques hautement divertissantes. « Mon parti va défendre l'exemplarité des élites, affirme Son-Forget. Nous défendrons aussi la réduction du train de vie de l'État, la baisse des dépenses publiques, une culture française qui va de
Diderot à
Booba, le tout mâtiné d'humour et d'impertinence qui ont longtemps fait la fierté de la
France. »
Non, je ne regrette rien
Le député prévoit aussi de monter une liste aux européennes, dont la constitution se fera « comme tout le monde, à base de copains, parce que c'est bien connu, les listes européennes, ça ne se fait qu'entre potes », explique-t-il, sans filtre. Passé de 6 000 followers à plus de 42 000 en moins d'une semaine, Joachim Son-Forget se dit désormais soutenu par une « armée de jeunes geeks pro-européens et assez souverainistes, très ancrés dans leur génération ». À ceux qui lui demandent s'il regrette ses saillies politiques qui risquent de le conduire un peu plus vers la marginalisation politique, il répond qu'il ne regrette rien : « Ce qui m'a chauffé, c'est qu'on ait dit de moi que j'étais psychiatriquement perturbé. C'est vraiment le retour aux grandes heures de l'
URSS, où il fallait discréditer l'adversaire par peur de la dissidence ! Quant à ceux qui prétendent que je prends de la coke, je fais une prise de sang quand ils veulent », prévient celui qui invoque l'impertinence et l'humour pour expliquer son comportement des derniers jours. Regrette-t-il d'avoir soutenu Emmanuel Macron ? « Non, mais c'est la dernière fois que je vois le veau d'or. Je continue à le soutenir. »
Qui peut vraiment dire qui est vraiment Joachim Son-Forget ? Longtemps présenté comme un brillant médecin et claveciniste, le voici désormais roi des trolls. « Ce garçon est un ovni », nous confiait
Jacques Attali il y a quelques semaines. Les deux hommes se connaissent depuis plus de dix ans. « Il est très énervant, car il est très bon dans plusieurs domaines, ce qui est rare. Il est à la fois brillant médecin, excellent pianiste, compositeur de talent... », complimentait alors le président de PlaNet Finance. Les deux hommes avaient nourri un projet de livre en commun, pour le moment à l'arrêt. « Je ne m'attendais pas à ce qu'il devienne parlementaire, poursuivait Attali qui s'inquiétait déjà. Je ne sais pas si la députation lui permettra de faire meilleur usage de son talent, mais on voit qu'il a envie de changer les choses. Il fait partie de ceux qui combattent pour le triomphe de la raison sur la mauvaise foi. »
Je déteste les bobos
Même si cela ne transparaît pas vraiment dans la séquence politique du moment, Joachim Son-Forget a pu jusqu'alors offrir le visage d'un élu courtois, aimant ferrailler avec les intellectuels. Ainsi, nous avions assisté en octobre à une étonnante soirée où, assis au clavecin qu'il avait loué pour l'occasion, le député des Français de l'étranger cabriolait devant ses invités. « Dans un excès de confiance, j'ai pensé qu'on allait écouter un peu de musique et faire salon », s'égayait-il, avant d'attaquer une pièce de Froberger, un compositeur allemand du XVIIe siècle. Ce soir-là, Joachim Son-Forget recevait dans les appartements de la questure de l'Assemblée nationale. Son invité d'honneur s'appelait Steven Pinker, un intellectuel américain chantre de l'optimisme, qui aime rappeler à la France ce que le libéralisme progressiste doit à l'esprit des Lumières... La soirée s'était déroulée en anglais dans une atmosphère ouatée, rythmée par les prises de parole de l'universitaire et les morceaux de clavecin du parlementaire.
Autodestruction politique
Le jeune élu tweete plus vite que son ombre. « Il tweete comme Donald Trump », s'inquiétait déjà en septembre l'un de ses amis, un de ceux qui a souvent tenté de calmer –manifestement sans succès – sa frénésie de tweets, capable de le propulser au cœur de tempêtes d'indignation dont Twitter a le secret. Sa première polémique ? Avoir soutenu Marcel Campion qui tenait des propos homophobes dans une vidéo.
Il s'en était d'ailleurs expliqué – et excusé – sur notre site.
(...)
Clément Pétreault
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