L’enseignement catholique face à ses élèves musulmans
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Certaines écoles catholiques comptent parfois jusqu’à 70% d’élèves musulmans, notamment dans les quartiers «populaires». Ces établissements sont ainsi confrontés à des problèmes inédits. Un document du Secrétariat général de l’enseignement catholique recense ces «situations problématiques» et propose des lignes de conduite : concertation, dialogue et questionnement …
Le jour de la rentrée, les garçons ne répondent pas à leur nom lorsque la nouvelle directrice, qui succède à un directeur, fait l’appel des classes. Par contre, les élèves répondent à leur professeur principal qui est un homme. » « Des lycéens musulmans prient régulièrement dans la cour. Un jour de pluie, la directrice leur propose une salle. Ce lieu devient la salle de prière où les élèves invitent des personnes extérieures à l’établissement. La directrice ne peut plus disposer de cette salle pour d’autres activités. »
Ces exemples, tirés du document publié en cette rentrée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique sur les Musulmans en école catholique, font désormais partie du quotidien d’un certain nombre de leurs établissements. Notamment ceux qui, en milieu plus populaire, accueillent de plus en plus d’élèves de confession musulmane : certaines écoles comptent parfois jusqu’à 70% d’élèves musulmans.
En 2008, les évêques avaient posé la question, à l’occasion d’un document intitulé : Pourquoi l’Église catholique continue-t-elle de s’engager dans le dialogue interreligieux ? Il a donc été décidé de lui donner une réponse plus concrète, grâce à un travail mené conjointement par le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC) et le Service pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques.
«Ne pas mélanger islam et réaction d’adolescents»
« Nous avons souhaité partir de situations vraies pour ne pas être déconnecté de la réalité », explique Pierre Robitaille, qui a piloté, pour le compte du SGEC, le petit groupe de travail qui s’est réuni pendant deux ans. Les « situations problématiques » ont été recensées et chacune d’entre elles a été travaillée par l’équipe. Situations problématiques, c’est-à-dire, indique le document, « toutes les situations qui posent question, directement ou après prise de recul et pas seulement les situations conflictuelles ».
Au final, cela donne un dossier en deux parties : d’un côté, les fiches d’informations sur l’islam, de l’autre des « dossiers situations » comportant chacun la description d’une situation, sa problématisation, un éclairage et enfin « des lignes de conduite et points d’attention ».
Face à de jeunes musulmans refusant de répondre à l’appel d’une femme, il est par exemple proposé une fois passée la première réaction, « d’organiser rapidement une réflexion avec l’équipe éducative », de ne « pas mélanger islam et réaction d’adolescents, identitaire, culturelle et religieuse », ou encore de « faire intervenir des médiations : un musulman, en priorité un enseignant ou personnel d’éducation, sinon un responsable de mosquée, ou un expert, par exemple le responsable diocésain pour les relations avec l’islam ».
«Savoir ce qu’est un établissement catholique»
« Évidemment, il n’y aura jamais deux cas pareils, le contexte sera toujours différent d’un établissement à l’autre, mais cet outil aidera certainement les communautés éducatives à prendre du recul, à démêler ce qui relève du religieux, du culturel, voire du psychologique lorsqu’il s’agit d’adolescents », souligne Sœur Colette Hamza, xavière et directrice adjointe du SRI, qui reconnaît que la conjonction entre une présence accrue des élèves musulmans dans l’enseignement catholique, « au moins dans certaines régions », et «un islam qui demande sa place, cristallise davantage ces situations qu’il y a quinze ou vingt ans».
Au fil des réunions, il est apparu que celles-ci pouvaient relever de trois catégories : les situations à forte composante sociale et culturelle, celles touchant plus directement à la pratique religieuse des élèves musulmans, et enfin celles relatives à leur participation aux activités religieuses de l’établissement. La question du sens de « la participation de juifs ou de musulmans à une célébration eucharistique » est ainsi abordée. Ou encore la pertinence, à Noël, de « profiter d’une fête religieuse pour mieux comprendre le sens du fait religieux et rentrer dans un partage festif ».
«La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous»
« Au fond la question rejoint celle de savoir ce qu’est un établissement catholique », note Colette Hamza. « Tout parent devrait pouvoir inscrire son enfant à l’école catholique, pourvu qu’il adhère au projet pastoral et éducatif de l’établissement, et ce projet doit être clair et explicitement catholique », rappelle ainsi Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles et président du Comité national pour l’enseignement catholique, qui précise : « La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous, mais il est clair que quelqu’un qui n’est pas baptisé ne peut aucunement être obligé à participer. »
Reste un dernier sujet, plus épineux encore : celui de l’attitude des établissements catholiques vis-à-vis des adultes musulmans qui y travaillent. « Nous nous sommes aperçus que se cachait parfois un certain racisme, constate Pierre Robitaille. Compte tenu de la législation, un établissement sous contrat ne peut refuser d’embaucher un enseignant musulman. Mais cela ne résout pas la question de sa participation au projet éducatif. Normalement, tous les membres de la communauté éducative y participent. Il s’agit donc plutôt d’un choix d’établissement : nous publierons sans doute une fiche avec des questionnements destinés à les aider à réfléchir. »
Anne-Bénédicte HOFFNER
Le jour de la rentrée, les garçons ne répondent pas à leur nom lorsque la nouvelle directrice, qui succède à un directeur, fait l’appel des classes. Par contre, les élèves répondent à leur professeur principal qui est un homme. » « Des lycéens musulmans prient régulièrement dans la cour. Un jour de pluie, la directrice leur propose une salle. Ce lieu devient la salle de prière où les élèves invitent des personnes extérieures à l’établissement. La directrice ne peut plus disposer de cette salle pour d’autres activités. »
Ces exemples, tirés du document publié en cette rentrée par le Secrétariat général de l’enseignement catholique sur les Musulmans en école catholique, font désormais partie du quotidien d’un certain nombre de leurs établissements. Notamment ceux qui, en milieu plus populaire, accueillent de plus en plus d’élèves de confession musulmane : certaines écoles comptent parfois jusqu’à 70% d’élèves musulmans.
En 2008, les évêques avaient posé la question, à l’occasion d’un document intitulé : Pourquoi l’Église catholique continue-t-elle de s’engager dans le dialogue interreligieux ? Il a donc été décidé de lui donner une réponse plus concrète, grâce à un travail mené conjointement par le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC) et le Service pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques.
«Ne pas mélanger islam et réaction d’adolescents»
« Nous avons souhaité partir de situations vraies pour ne pas être déconnecté de la réalité », explique Pierre Robitaille, qui a piloté, pour le compte du SGEC, le petit groupe de travail qui s’est réuni pendant deux ans. Les « situations problématiques » ont été recensées et chacune d’entre elles a été travaillée par l’équipe. Situations problématiques, c’est-à-dire, indique le document, « toutes les situations qui posent question, directement ou après prise de recul et pas seulement les situations conflictuelles ».
Au final, cela donne un dossier en deux parties : d’un côté, les fiches d’informations sur l’islam, de l’autre des « dossiers situations » comportant chacun la description d’une situation, sa problématisation, un éclairage et enfin « des lignes de conduite et points d’attention ».
Face à de jeunes musulmans refusant de répondre à l’appel d’une femme, il est par exemple proposé une fois passée la première réaction, « d’organiser rapidement une réflexion avec l’équipe éducative », de ne « pas mélanger islam et réaction d’adolescents, identitaire, culturelle et religieuse », ou encore de « faire intervenir des médiations : un musulman, en priorité un enseignant ou personnel d’éducation, sinon un responsable de mosquée, ou un expert, par exemple le responsable diocésain pour les relations avec l’islam ».
«Savoir ce qu’est un établissement catholique»
« Évidemment, il n’y aura jamais deux cas pareils, le contexte sera toujours différent d’un établissement à l’autre, mais cet outil aidera certainement les communautés éducatives à prendre du recul, à démêler ce qui relève du religieux, du culturel, voire du psychologique lorsqu’il s’agit d’adolescents », souligne Sœur Colette Hamza, xavière et directrice adjointe du SRI, qui reconnaît que la conjonction entre une présence accrue des élèves musulmans dans l’enseignement catholique, « au moins dans certaines régions », et «un islam qui demande sa place, cristallise davantage ces situations qu’il y a quinze ou vingt ans».
Au fil des réunions, il est apparu que celles-ci pouvaient relever de trois catégories : les situations à forte composante sociale et culturelle, celles touchant plus directement à la pratique religieuse des élèves musulmans, et enfin celles relatives à leur participation aux activités religieuses de l’établissement. La question du sens de « la participation de juifs ou de musulmans à une célébration eucharistique » est ainsi abordée. Ou encore la pertinence, à Noël, de « profiter d’une fête religieuse pour mieux comprendre le sens du fait religieux et rentrer dans un partage festif ».
«La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous»
« Au fond la question rejoint celle de savoir ce qu’est un établissement catholique », note Colette Hamza. « Tout parent devrait pouvoir inscrire son enfant à l’école catholique, pourvu qu’il adhère au projet pastoral et éducatif de l’établissement, et ce projet doit être clair et explicitement catholique », rappelle ainsi Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles et président du Comité national pour l’enseignement catholique, qui précise : « La catéchèse doit pouvoir être ouverte à tous, mais il est clair que quelqu’un qui n’est pas baptisé ne peut aucunement être obligé à participer. »
Reste un dernier sujet, plus épineux encore : celui de l’attitude des établissements catholiques vis-à-vis des adultes musulmans qui y travaillent. « Nous nous sommes aperçus que se cachait parfois un certain racisme, constate Pierre Robitaille. Compte tenu de la législation, un établissement sous contrat ne peut refuser d’embaucher un enseignant musulman. Mais cela ne résout pas la question de sa participation au projet éducatif. Normalement, tous les membres de la communauté éducative y participent. Il s’agit donc plutôt d’un choix d’établissement : nous publierons sans doute une fiche avec des questionnements destinés à les aider à réfléchir. »
Anne-Bénédicte HOFFNER
Il me semble que le problème vient de l'établissement.
Un élève qui ne répond pas à la demande d'un professeur masculin ou féminin doit recevoir une sanction, et si cela ne suffit pas, être renvoyé.
Et si des élèves introduisent des personnes étrangères dans leur salle de prière, c'est à l'évidence que les portes sont mal gardées.
Un élève qui ne répond pas à la demande d'un professeur masculin ou féminin doit recevoir une sanction, et si cela ne suffit pas, être renvoyé.
Et si des élèves introduisent des personnes étrangères dans leur salle de prière, c'est à l'évidence que les portes sont mal gardées.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
et pourquoi n'en auraient-elles pas ?
Les écoles catholiques, ce ne sont pas des missions. En Belgique, elles ont beaucoup d'écoles de grande qualité dans les aurtiers défavorisés et quasi "sans blancs", et font un magnifique travail d'intégration sociale.
On neprend pas les mouches avec du vinaigre icon_biggrin
Les écoles catholiques, ce ne sont pas des missions. En Belgique, elles ont beaucoup d'écoles de grande qualité dans les aurtiers défavorisés et quasi "sans blancs", et font un magnifique travail d'intégration sociale.
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C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
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