Yakiv a écrit : ↑13 août 2019, 10:35:21
@asterix, peux-tu tolérer que des gens s'engagent d'une façon ou d'une autre en faveur de l'écologie, en menant de petites actions ici et là, sans adopter un mode de vie ascète ou sans adopter ton mode de vie (qui, tel que tu décris, en semble assez proche, bien que tu utilises l'informatique, internet, les réseaux sociaux, probablement des véhicules à moteur thermique, etc).
Il me semble que ce qui est propre aux extrémistes ou aux "radicaux", c'est justement de ne pas tolérer les justes milieux, les petits efforts, les évolutions progressives, etc. Dans le milieu professionnel ou dans la vie de tous les jours, j'ai constaté une chose : demander sans transition à quelqu'un de faire 200 quand il fait 100, c'est le meilleur moyen qu'il reste à 100. Par contre, si on lui demande 110 ou 120, tu vois ce que je veux dire...
Or tu donnes parfois un peu cette impression là, mais je me trompe probablement et je le souhaite.
Comme beaucoup l'ont dit ici et ailleurs, force est de constater que les Européens font partie des peuples les plus sensibilisés à l'environnement et les plus ouverts aux sacrifices, même si ces sacrifices te paraissent dérisoires. Quelle serait donc ta réaction ailleurs ? Tu ferais une syncope en allant à Las Vegas ?
Bien sur que je tolère le "petit engagement", d'ailleurs c'est bien ce que j'écris: je souhaite que le fond de son action ait une portée. Je regrette simplement profondément la forme, qui ne met pas l'humanité à l'honneur.
Je ne suis pas un radical de l'écologie. Je suis moi même loin de ce qu'il faudrait faire, pour des raisons diverses. Je ne suis pas allé à Las Vegas (pas mon trip), mais j'ai parcouru un peu le continent nord américain, effectivement il y a de quoi faire de syncopes
. Et justement, comme tu le dis, c'est là que l'on voit l'engament et le parcours européen pour l'écologie: quand l'Europe fabrique des camions diesel norme Euro VI ultra sobres en consommation, quasiment sans fumée ni odeur et avec un taux de particules émises extrêmement bas, les américains et canadiens ont encore des camions (même neufs) avec des technologies de moteur qui datent des années 70 et qui fument noir.
Je vais faire une comparaison très exagérée pour bien faire comprendre ma position: on ne demande pas à un pédophile repentit d'entreprendre une campagne de prévention et de lutte contre les agressions sexuelles sur enfants. Ni à un ex repris de justice de devenir juge en pénal. Ce n'est pas le sens des choses. Ce n'est pas, et de tous temps, recevable par l'esprit humain, sa culture, et sa logique. De tout temps, notre civilisation a demandé à ceux qui s'expriment et engagent un combat politique ou philosophique, une légitimité fondée sur une expérience, un parcours, et une popularité acquise de haute lutte. Une civilisation qui fabrique des idoles en quelques clics pour faire passer un message est une civilisation perdue. Et une fois de plus, et c'est là que l'on va voir dans quel camp sont les radicaux: toujours de la dénonciation, de l'accusation aux pouvoirs publics, positionnant une fois de plus le peuple comme infantile et innocent de toute cette m.... de pollution consumériste, se dédouanant de tous ses actes écolo-criminels quotidiens payés sciemment par carte bleue, alors que personne ne l'a jamais contraint à faire ces achats écolo-criminels. Si le peuple avait été contraint par un totalitarisme à ce consumérisme destructeur, oui il serait victime. Or, il est coupable. Or un coupable ça ferme sa g..... et ça écoute le juge. Mais ce que je vois là, c'est que le coupable nous envoie comme avocat un enfant pour attendrir le tribunal de la conscience, et du même coup, renverser la culpabilité sur le tribunal. C'est malin
Non et non! La bonne démarche, c'est de se regarder tous, de se dire "vraiment on a déconné et il faut que l'on change". Mais au lieu de ça, nous dénonçons nos dirigeants pour "inaction" (alors que c'est absolument faux), alors même que nous avons encore le doigt dans le pot de confiture. Ce n'est que la traduction de notre incapacité individuelle à agir, incapacité ou flemme intelletuelle, qui demande à quelqu'un de supérieur d'arrêter de fumer à notre place. Nous serions mieux inspirés d'êtres humbles, de ne pas détourner l'accusation sur nos responsables, de faire notre "examen de conscience", et de marcher derrière un mentor qui a démontré sa valeur, un mentor qui propose et qui n'accuse pas, un mentor qui soit constructif et source de solutions positive, car il n'est plus temps de trouver les coupables, il est temps d'agir et de générer l'espoir.
Demander de faire 200 quand on fait 100, pour sur, c'est démotivant, insurmontable et accablant. Seulement, il ne t'a pas échappé que depuis 40 ans, on nous demande de faire 105 puis 110 puis 120... et finalement, nous sommes encore loin des 150, alors qu'il faudrait absolument être à 200 aujourd'hui!
Nous avions cette possibilité de la progressivité. Nous ne pouvons pas l'ignorer. De quand datent les premiers reportages de vulgarisation scientifique sur le climat et la pollution? Perso, j'étais en culotte courte, et le type s'appelait Jean Yves Cousteau ou Haroun Tazieff. Impossible d'avoir raté ça. Et pourtant mes parents n'ont jamais eu la télé.
Donc nous avons raté cette option de progressivité, nous avons raté cette possibilité de faire de l'écologie sans casse sociale, sans trop bousculer le quotidien. Par contre dans le même temps, nous n'avons opposé aucune résistance à nos pulsions intérieures, nous avons même mis nos gamins dans des écoles qui enseignent comment commercialemet rendre "ovin" une masse de consommateurs, en flattant leur cerveau reptilien. L'avons nous fait ou pas?? Est ce un choix fait par les gouvernements ou est ce bien nous qui sommes sciemment pervers de plébisciter le système?? Moi j'ai choisi ma réponse.
Alors la "punition" sur cette procrastination arrive. Car aujourd'hui, il va falloir aller très vite, faire de la casse sociale inévitablement, trop tard pour la méthode douce: il va falloir faire 200 au lieu de 100 très très vite. Ou alors se résoudre à un fin tragique, sans aucun controle.
Ce n'est pas moi qui suit radical. C'est la société tout entière qui a été radicalement suicidaire depuis 1960, et qui a toujours mis au pouvoir des gens qui approuvent et orchestrent ce suicide. Notre consommation de sucre en dit long sur notre liquéfaction cérébrale, le vrai sucre comme le sucre figuratif que sont les loisirs et toutes douceurs payantes qui nous gavent le lobe pariétal d'une manière carrément masturbatoire, au mieux frénétique.
Serions nous entré en prière, face à la menace environnementale. Faute d'avoir pu recontrer le saint père ou le messie, aurions nous soudain trouvé l'immaculée conception, qui vogue à la voile avec ses apôtres vers le temple des impurs, sur l'autre rive du Jourdain?
Je ne sais pas si je suis radical, mais perplexe, complètement. Merci pour ces échanges.