Et si une motion de censure était votée !

[Camille]

Un texte qui joue contre les forces vives (actifs, majoritairement opposés) pour respecter les desiderata des forces mourantes (retraités, le cœur de l'électorat qui a amené l'actuel président au pouvoir) aura forcément des répercussions sur la cohésion sociale. Macron n'en a cure du texte, il a dit que le plus important, c'est que cela ne sape pas son autorité.

J'espère que ce passage en force fera cogiter les Français lésés sur l'impotence de la Constitution actuelle.

Moi aussi, j'aurais préféré que les retraités actuels soient mis à contribution. Cependant, il me semble un peu trop exagéré d'affirmer que ce texte joue "contre les forces vives pour respecter les desiderata des forces mourantes". En effet, la finalité de ce texte est purement financière : réduire les dépenses publiques. Or la réduction des dépenses sociales permettra de renforcer la compétitivité de notre économie, c'est plutôt une bonne chose à terme.

On n'est même pas sûr que ça baisse les dépenses publiques, ça dépendra de la propension des patrons à embaucher des plus de 60 ans et à ne pas les mettre au chômage 3 ans avant l'âge légal pour qu'ils bénéficient de leur durée maximale d'indemnités ; mais aussi du nombre d'arrêts maladie/accidents du travail que ça pourrait occasionner. Ca fait juste un an qu'on a ce débat. Le gouvernement et toi faites le pari que ça ne se passera pas comme ça, c'est un choix mais ça n'a rien d'une décision rationnelle.

On est face à une réforme très impopulaire, qui ne sauvera pas le système d'ensemble, qui ne répartit pas équitablement les efforts et qui n'aura peut-être pas les effets escomptés sur les finances publiques. Le tout voté en force.

[johanono]

Moi, je pars du constat que la France détient le record du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques (à cause notamment d'un système social surdimensionné par rapport aux pays voisins), et que notre économie ne produit plus assez de richesses pour financer ce système social (comme le montre l'ampleur de nos déficits publics et de nos déficits commerciaux). Dit autrement : nous vivons collectivement au-dessus de nos moyens.

25 millions d'actifs doivent subvenir aux besoins de 65 millions d'habitants : cette concentration des prélèvements sur une minorité d'actifs entrave la compétitivité de notre économie et agit comme un cercle vicieux.

Donc tout ce qui peut contribuer à faire baisser nos dépenses sociales va dans le bon sens selon moi. Forcément, cette perspective est impopulaire, dans un pays drogué à la dépense publique. Moi, j'assume la volonté de faire baisser les dépenses sociales.

[Camille]

Tu as donc une vision binaire des choses. Tant qu'on réduit les dépenses, peu importe si l'effort est déséquilibré voire contre-productif, c'est cool.

[johanono]

Il me semble avoir exprimé certaines réserves, notamment quant à l'absence de mise à contribution des retraités actuels. Il me semble néanmoins que cette réforme va dans le bon sens, malgré ses défauts.

[Papibilou]

Plus ça avance et plus je suis convaincu que si passer à 64 ans est logique, il eût été aussi rentable ( puisqu'il s'agit bien d'une réforme financière) d'augmenter le nombre d'annuités ( par exemple 144 trimestres ( une réforme Touraine très accélérée) et la décote ce qui aurait mécaniquement fait baisser les dépenses du système.
On m'objectera que ça avantagerait les cadres de haut niveau qui s'accommoderont d'une forte décote et pénaliserait un peu plus les petites retraites, je ne suis pas sûr que les petits salaires ne préféreraient pas cette solution à celle d'un report progressif à 64 ans. Quitte à faire baisser les très bonnes retraites au profit des très petites.
Votre avis ?

[merlin]

Édit modo

[johanono]

Plus ça avance et plus je suis convaincu que si passer à 64 ans est logique, il eût été aussi rentable ( puisqu'il s'agit bien d'une réforme financière) d'augmenter le nombre d'annuités ( par exemple 144 trimestres ( une réforme Touraine très accélérée) et la décote ce qui aurait mécaniquement fait baisser les dépenses du système.
On m'objectera que ça avantagerait les cadres de haut niveau qui s'accommoderont d'une forte décote et pénaliserait un peu plus les petites retraites, je ne suis pas sûr que les petits salaires ne préféreraient pas cette solution à celle d'un report progressif à 64 ans. Quitte à faire baisser les très bonnes retraites au profit des très petites.
Votre avis ?

Effectivement, le fait de raisonner uniquement en fonction de la durée de cotisation semble plus logique et plus simple, de prime abord. Toutefois, certaines études ont montré qu'une mesure d'âge est beaucoup plus efficace financièrement. C'est probablement pour ça que le gouvernement y a eu recours. Au risque de créer des tensions et des incompréhensions encore plus fortes dans l'opinion publique.

[merlin]

Certaines études montrent ça et certaines autres disent le contraire.
Vivement que l'intelligence artificielle arrive, on va encore plus rire.

[Papibilou]

Au bout du compte, si aucune motion de censure ne renverse le gouvernement n'est ce pas le signe que l'opposition à la réforme au sein de l'assemblée, ne rassemble pas non plus une majorité ?

[Camille]

Non, car une motion censure la politique entière du gouvernement, pas uniquement cette réforme-ci. À la place des macronistes, j'éviterais quand même de me montrer confiants et de sabrer le champagne en cas d'échec de la motion de censure.

[les orteils]

Ça ne répond nullement à la question posée : il n'y a à ce jour aucune majorité d'opposition. Il y a eu d'autres motions, jamais votées. Si celle ci venait à l'être ce serait d'abord et avant tout le rejet du projet concerné, mais il n'en est pas moins vrai que les précédents recours au 49-3 pèsent, mais moins que l'aveuglement de Macron sur l'opinion du peuple vis à vis d'une réforme mal conçue et qu'il est impossible de défendre efficacement.

[Camille]

Il y avait peut-être une majorité d'opposition à cette réforme au regard des pointages faits par les médias, mais on ne le saura jamais vu qu'il n'y aura jamais de vote.

Mais dans tous les cas, il ne faut pas prendre l'échec d'une motion de censure comme une validation de la réforme. Il y a bien d'autres choses à prendre en considération.

[les orteils]

Bien sûr, d'ailleurs le rejet d'une motion de censure obéit souvent à d'autres considérations que le seul projet concerné.

[johanono]

Il y avait peut-être une majorité d'opposition à cette réforme au regard des pointages faits par les médias, mais on ne le saura vu qu'il n'y aura jamais de vote.

Mais dans tous les cas, il ne faut pas prendre l'échec d'une motion de censure comme une validation de la réforme. Il y a bien d'autres choses à prendre en considération.

Apparemment, le sort du projet de loi allait se jouer à quelques voix près. Mais certains députés qui souhaitaient voter contre le texte de loi ont annoncé qu'ils voteraient contre la motion de censure. Et cela peut se comprendre : ils ne veulent pas ajouter du désordre au désordre, et puis ils partent du principe qu'il n'existe de toute façon aucune majorité alternative. La motion de censure, et après ? Donc la probabilité que la motion de censure soit approuvée demeure très faible.

[Camille]

Et après, la réforme tombe à l'eau et contraint Macron à nommer un autre gouvernement, qui prend réellement en compte la donne de l'Assemblée nationale, ou la dissout. Si les députés LR ne sont pas capables de considérer qu'ils peuvent être une alternative politique (soit en trustant le gouvernement macroniste, soit en gagnant une nouvelle majorité à l'Assemblée), alors même qu'on leur tend la perche comment rarement il en existe sous la Ve, alors ils ne sont pas le parti de gouvernement qu'ils prétendent être.