Le paradoxe client

venez parler des sujets de société qui vous concerne ( drogue, alcool, avortement...)
worldpeace
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Message non lu par worldpeace » 02 oct. 2009, 09:11:00

Le mot "client" vient du latin cliens qui signifie serviteur. Or si l'on écoute le dogme répandu, l'entreprise est au service du client. Le sens commun qu'on donne à ce mot serait donc paradoxal avec son étymologie. Le client n'est bien entendu pas le serviteur de l'entreprise.

Cela dit, le consommateur moyen n'est pas non plus le "maitre" de l'entreprise. Il est simplement dans un échange de service : la rémunération qu'il accorde permet de comptabiliser ce qu'il a reçu.

Cependant, si l'on examine les poupées russes des sous-traitants et des entreprises "officielles", on se rend compte que l'entreprise cliente est en fait donneuse d'ordre, le sens de mot "client" est donc ici à l'opposé de son étymologie.

Ensuite, on peut remarquer que l'usage du mot "client" a été généralisé pour les relations à l'intérieur de l'entreprise. Selon le sens commun, cela n'a pas de sens, parce que l'utilisateur d'un service interne à l'entreprise ne peut pas changer de service s'il n'est pas satisfait, aller de service en service jusqu'à ce qu'il soit comblé. Le mot "usager" serait déjà plus juste, qui exprime que l'on a pas le choix du fournisseur.

En fait, il n'y a pas de rémunération accordée venant de l'usager d'un service interne à l'entreprise. Cette comptabilité est faite par des comptables, avec la méthode de l'analyse des centres de coûts. Le notion de client interne est donc en rapport avec la subordination à l'entreprise. En ce sens, le mot client y retrouve d'une certaine manière son sens d'origine, à savoir celui de serviteur, comme au temps des relations de clientèles de la Rome antique.

Finalement, on notera que la seule définition qui reste pour le mot "client" est de celui qui reçoit. Malgré les différences avec la notion de serviteur, on peut voir une similitude avec la notion de "client" de l'époque romaine, à savoir que le serviteur romain recevait la protection de son "patron". Tout comme de nos jours, la relation avec le client est présentée comme une relation de confiance mutuelle, la fides était très importante à l'époque.

Mais de nos jours, le mot complémentaire de patron est bien entendu "employé". On notera qu'on a perdu un grade dans la terminologie, à savoir que nous ne sommes plus des personnes qui obéissent, mais des personnes qui sont utilisées comme un outil ou une machine. En tout cas, c'est ce que laisse penser la terminologie. Libre à chacun après de construire des relations constructives avec les autres, y compris entre patron et "employé".

Petite parenthèse, le vocabulaire comptable est à ce sujet effrayant. Le patron y est appelé "exploitant", et l'employé apparait dans les comptes de "charges". Voilà un drôle de paradoxe pour l'employé qui apporte son énergie vitale pour faire marcher l'entreprise.

Cet inversion est n'en fait pas spécifique aux employés. Les relations économiques sont complètements à l'envers. Lorsque vous achetez quelque chose, c'est celui qui vous donne qui vous dit "merci". On a l'impression des fois que celui qui achète se montre bon et généreux envers celui qui vend. Or le flux est clairement dans le sens contraire, à savoir que celui qui vend donne.

Parfois, les gens semblent avoir perdu la notion de la valeur des choses et de l'effort lorsqu'ils reçoivent, mais voudraient pourtant avoir des salaires plus élevés. Le client semble exiger le tout et l'impossible, et se plaint lorsqu'il travaille qu'on lui en demande toujours plus.

Nous vivons dans un vol permanent. Mais ce vol est différent selon l'endroit. Les pays "riches" volent au pays "pauvres", les grandes entreprises taxent leurs clients, les politiciens nous prennent notre droit de décider de notre avenir, et au bout de cela il y a le vol ultime, c'est un vol spirituel, celui de notre liberté de pensée et de notre co-épanouissement psychologique.

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racaille
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Message non lu par racaille » 02 oct. 2009, 14:04:00

Bon c'est anecdotique mais en informatique, un client est effectivement soumis au serveur central. Je n'y avais jamais réfléchi mais c'est plus proche du sens originel que la notion de clientèle dans la culture d'entreprise.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

anonyme
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Message non lu par anonyme » 02 oct. 2009, 14:31:00

Pour reprendre un passage du texte d'introduction, le vrai "vol" dans le sens social et politique du terme c'est le détournement quotidien des aides versées par l'Etat et les collectivités pour les plus démunis au titre de la solidarité par des individus iniques.

En effet, de constater que des gens en pleine possession de leurs moyens physiques et mentaux et n'ayant aucunement de se plaindre des circonstances de la vie, recevoir des fiancements qu'ils ne méritent pas (soit au niveau individuel, familial, associatif, voire d'un groupement privé) me fait pencher dans une profonde mélancolie.

Constater que les personnes âgées dépendantes, les personnes handicapées et atteintes de maladie invalidante, les personnnes nées sans moyen et sans famille s'enlisent tout doucement par diminution des parts d'un modeste gâteau qui devrait, logiquement leur être entièrement dévolu me font penser que ce vol là pourrait être qualifié de crime !!

worldpeace
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Message non lu par worldpeace » 02 oct. 2009, 20:42:00

racaille a écrit :Bon c'est anecdotique mais en informatique, un client est effectivement soumis au serveur central. Je n'y avais jamais réfléchi mais c'est plus proche du sens originel que la notion de clientèle dans la culture d'entreprise.
Ah voui. Pourrait-on explique cela par le fait que le serveur crée une réalité virtuelle, un espace virtuel dans lequel peut exister le client et donc son existence est assujetie aux règles du monde créé par le serveur ?

la chambre bleue a écrit :Pour reprendre un passage du texte d'introduction, le vrai "vol" dans le sens social et politique du terme c'est le détournement quotidien des aides versées par l'Etat et les collectivités pour les plus démunis au titre de la solidarité par des individus iniques.
Oui dans la mesure où l'on reste dans le système.
En effet, de constater que des gens en pleine possession de leurs moyens physiques et mentaux et n'ayant aucunement de se plaindre des circonstances de la vie, recevoir des fiancements qu'ils ne méritent pas (soit au niveau individuel, familial, associatif, voire d'un groupement privé) me fait pencher dans une profonde mélancolie.
Je comprends.
Constater que les personnes âgées dépendantes, les personnes handicapées et atteintes de maladie invalidante, les personnnes nées sans moyen et sans famille s'enlisent tout doucement par diminution des parts d'un modeste gâteau qui devrait, logiquement leur être entièrement dévolu me font penser que ce vol là pourrait être qualifié de crime !!
C'est vrai. Mais je crois que c'est plus complexe que cela, à savoir qu'il y a un "démentèlement" de la structure familiale.

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 03 oct. 2009, 12:52:00

Bon pour me faire l'avocat du diable,

La définition moderne de client, c'est celui qui achète un bien ou un service à une entreprise. Point à la ligne.
Si on renvoie ce mot à serviteur, c'est qu'il y a une notion de dominateur (l'entreprise) /dominé (le client), le client serait donc celui qui sert l'entreprise par l'apport de richesse contre un service ou un bien. On serait donc dans une notion gagnant/perdant. Cette définition est plus que subjective, car elle omet la contrepartie utile, soit la satisfaction d'un besoin et l'aspiration d'un désir pour un client.

Le commerce étant l'intermédiaire entreprise/client, et ayant été VRP en BtoB, et vendeur en BtoC, je suis dans une toute autre logique, pour moi le client, c'est celui qui à un besoin, un désir auquel l'entreprise va pouvoir répondre, en commerce une bonne négociation part sur un rapport gagnant/gagnant, je dois pleinement satisfaire mon client en le questionnant, en répondant à ses objections et en optimisant sa satisfaction, une fois la vente conclut, le client de façon spontané achète un produit ou un service de son plein grés, il paye aussi la force de travail et les moyens développés par l'entreprise pour lui proposer cette offre.
Maintenant, ce qui est malsain, c'est le commerce sans homme, je pense notamment au libre service, cette commodité pratique rend le consommateur beaucoup plus vénérable, devant la multiplicité de l'offre, ses choix s'avèrent impulsif et incontrôlés, en plus ses achats se tournent vers des produits de multi, où effectivement le client est résumé au simple gain. Je pense notamment à Unilevers, qui est propriétaire d'un nombre incalculable de marque en supermarché.

C'est pour cela, qu'il faut être dans une logique de soutien aux pme et aux petits commerce, rompre avec la vision post-moderne du capitalisme, qui consiste à tendre vers un marché du quasi-monopole via les rachats et fusion diverses. L'entreprise doit reprendre toute sa dimension humaine, quoi de mieux que demander un bon conseil sur le choix d'une viande à son boucher, ou sur le choix d'un vin à son caviste.

Le monde sans commerce, c'est inimaginable, ou alors il faut revenir au troc, qui dit troc, dit offre très fortement réduite, ou alors au communisme, qui dit communisme, dit offre gratuite, mais uniforme...!!!

On peut critiquer le rapport servil du capital sur l'homme, mais il en demeure que les marchands de tout temps on su apporté un confort, et une plénitude de besoin pour répondre aux aspirations de désir de l'homme.



 

worldpeace
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Message non lu par worldpeace » 03 oct. 2009, 20:59:00

Libre penseur a écrit :Si on renvoie ce mot à serviteur, c'est qu'il y a une notion de dominateur (l'entreprise) /dominé (le client), le client serait donc celui qui sert l'entreprise par l'apport de richesse contre un service ou un bien. On serait donc dans une notion gagnant/perdant. Cette définition est plus que subjective, car elle omet la contrepartie utile, soit la satisfaction d'un besoin et l'aspiration d'un désir pour un client.
Pas vraiment, le client dans la Rome antique gagnait quelque chose, à savoir la protection de son patron. Ensuite, il y a peu être un malentendu, je n'ai pas dit que client ne pouvait avoir que son sens étymologique.
Le commerce étant l'intermédiaire entreprise/client, et ayant été VRP en BtoB, et vendeur en BtoC, je suis dans une toute autre logique, pour moi le client, c'est celui qui à un besoin, un désir auquel l'entreprise va pouvoir répondre, en commerce une bonne négociation part sur un rapport gagnant/gagnant, je dois pleinement satisfaire mon client en le questionnant, en répondant à ses objections et en optimisant sa satisfaction, une fois la vente conclut, le client de façon spontané achète un produit ou un service de son plein grés, il paye aussi la force de travail et les moyens développés par l'entreprise pour lui proposer cette offre.
Oui jusque là c'est logique.

Par contre, ce qui l'est moins, c'est qu'on va mieux rémunérer les vendeurs que les travailleurs.

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Message non lu par Libre penseur » 04 oct. 2009, 01:47:00

 
le client dans la Rome antique gagnait quelque chose, à savoir la protection de son patron.
Oui, c'est différent, comme les serfs durant le moyen age. Comme tu le dis, c'est un échange de service, les "clients" ont la bonne protection de leur maitre. Ce qui me gêne, en fait c'est la comparaison avec le commerce, l'entreprise, on n'est pas du tout dans le même rapport de force.
Par contre, ce qui l'est moins, c'est qu'on va mieux rémunérer les vendeurs que les travailleurs.
C'est discutable. 

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Message non lu par worldpeace » 04 oct. 2009, 14:33:00

Libre penseur a écrit :Oui, c'est différent, comme les serfs durant le moyen age. Comme tu le dis, c'est un échange de service, les "clients" ont la bonne protection de leur maitre. Ce qui me gêne, en fait c'est la comparaison avec le commerce, l'entreprise, on n'est pas du tout dans le même rapport de force.
C'est bien là que c'est bizarre d'utiliser le même mot "client".

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Message non lu par Libre penseur » 05 oct. 2009, 11:34:00

Le client moderne serait donc celui qui est esclave du maitre capitaliste, les clients achètent via le travail qu'ils ont fournis et en échange les capitalistes garantissent le travail et le pouvoir d'achat au client, c'est ça la logique comparable aux clients de la Rome antique, juste?

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Message non lu par worldpeace » 05 oct. 2009, 16:18:00

Pourquoi pas. Je n'y avais pas pensé comme cela. Je n'ai pas de réponse dans l'absolu.

D'une certaine manière, oui, les clients-consommateurs sont aussi les travailleurs-producteurs alors d'une certaine façon, le client est soumis à un patron puisqu'il doit travailler pour avoir la rémunération pour pouvoir acheter. Mais c'est quand même différent de la Rome antique, vu qu'alors le client était le travailleur. C'est le contraire de ce point de vue.

Je m'étonne de ce mot "client" qui veut dire une chose et son contraire.

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Message non lu par Libre penseur » 11 oct. 2009, 11:36:00

Oui, mais la logique est comparable, on parle bien de la sécurité de l'emplois, autrement dit la garantis indéterminé du salaire pour pourvoir subvenir à ses besoins, grâce au bon maître capitaliste qui nous apporte les fruits de notre travail.

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Message non lu par worldpeace » 13 oct. 2009, 23:26:00

Oui, d'une certaine façon le maitre s'est démultiplié ou bien les maitres ont fusionnés. Disons que la structure hiérarchique du point de vue du travailleur-client est très semblable, mais le lien avec la structure hiérarchique au-dessus est différent.

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Message non lu par Libre penseur » 14 oct. 2009, 01:14:00

 
ou bien les maitres ont fusionnés
Bien vu, c'est la logique qui a suivis à l'évolution du capitalisme vers le marché oligopolistique.
Disons que la structure hiérarchique du point de vue du travailleur-client est très semblable, mais le lien avec la structure hiérarchique au-dessus est différent.
Oui, l'Etat prend le rôle de protecteur du maître de la Rome antique.

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Message non lu par worldpeace » 14 oct. 2009, 14:03:00

Ah oui j'avais pas pensé à ça, l'Etat a un rôle protecteur notamble quand même.

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Message non lu par mps » 14 oct. 2009, 15:33:00

Mauvais point de départ ! Le "client" romain n'est nullement un serviteur (lequel est un "domestique", c'est à dire attaché au domus, la maison).

Le client romain est une relation qui a une certaine dépendance volontaire vis-à-vis d'une famille.

Mais peu importe.

Dans notre système, l'idée de liberté du "client" est essentielle, et implique donc un choix. Il est absurde de parler de "clients" pour une société qui serait en monopole, par exemple.

A partir de là, toute entreprise ne vivant que de ses clients, il est normal qu'elle fasse tout pour le satisfaire, à peine de le voir passer son chemin. 

Toute autre considération est asez fumeuse icon_lol
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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