Prémices d'une nouvelle guerre à Gaza

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Magicfly
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Message non lu par Magicfly » 11 janv. 2010, 17:00:00


L'Egypte tente d'affaiblir le Hamas qui pourrait réagir violemment.
 

 

Lundi 11 Janvier 2010
Israël a suivi avec beaucoup d'attention les troubles qui ont agité la frontière entre Gaza et l'Egypte craignant des répercussions à ses frontières si le Hamas tentait, par une manœuvre de diversion, de desserrer l'étau auquel il est soumis. L'Etat juif n'était pas directement concerné par le conflit entre les deux protagonistes mais peut difficilement rester impassible devant le risque d'une reprise des tirs de roquettes qui sonnerait le glas d'un calme relatif depuis plus d'une année.
Le retrait israélien de Gaza en 2005 et le blocus encore en vigueur aux frontières avec l'Etat juif a entrainé le creusement de centaines de tunnels chargés essentiellement de faire passer des vivres, de l'argent et des armes en quantité tellement considérable que les services de renseignement israéliens estiment à présent que la capacité militaire du Hamas a atteint celle du Hezbollah de 2006. L'opération «plomb durci» de janvier 2009, la guerre de Gaza, avait permis la destruction de plus de deux milles tunnels dont certains ont depuis été reconstruits. Les bombardements effectués épisodiquement par l'aviation israélienne n'ont pas réduit l'activité de contrebande dans la mesure où le creusement de galeries souterraines est devenu une activité lucrative pour beaucoup de gazaouis et une source d'entrée d'impôts pour les dirigeants du Hamas.
Barrière métallique
L'Egypte a longtemps choisi la passivité face à ce phénomène en fermant volontairement les yeux sur ces trafics afin de ne pas être soumise aux critiques arabes et surtout, de ne pas donner l'impression de s'acoquiner avec Israël. Elle a cependant décidé d'agir et de mettre un terme à la contrebande en créant à sa frontière une barrière métallique, profondément insérée à 18 mètres de profondeur, avec pour objectif de scinder tous les tunnels existants. Des énormes foreuses, protégées par des blindés lourdement armés, enfoncent dans le sol des poteaux d'acier pour verrouiller la frontière de manière durable. Ce revirement politique s'explique par la volonté d'inciter les dirigeants du Hamas à accepter la main tendue par le Fatah pour s'opposer ensemble à la stratégie politique israélienne.
Mais la motivation du président Moubarak est double. En asphyxiant Gaza, il cherche d'abord à appuyer Mahmoud Abbas dans sa reconquête du pouvoir en forçant le Hamas à négocier un terrain d'entente avec l'Autorité palestinienne. Son deuxième objectif est d'ordre purement interne car l'influence croissante de l'islamisme aux portes de son pays renforce les mouvements intégristes qui se développent en Egypte en mettent en danger son régime.
Les autorités s'inquiètent par ailleurs de l'émergence d'une nouvelle génération de prêcheurs qui ont décidé de donner un coup de jeune à la prédication traditionnelle en l'enrichissant de préceptes modernes. L'Egypte, berceau historique de l'islamisme, ne reconnait plus l'islam issu du nationalisme arabe des années 1970, porté alors par des organisations bien identifiées agissant au grand jour comme les Frères musulmans, le Jihad et la Djamaa islamiya. Les dirigeants égyptiens craignent la proximité grandissante des Frères musulmans et du Hamas.
Frontières sacrées
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, est monté au créneau et a justifié cette clôture de sécurité: «Les frontières égyptiennes sont sacrées et aucun égyptien ne permet qu'on les viole, d'une façon ou d'une autre». Pour se couvrir vis-à-vis de l'opinion arabe, le président égyptien a alors demandé et obtenu de la plus haute autorité de l'islam sunnite, le Conseil de recherche islamique d'Al-Azhar, l'imprimatur pour son projet: «C'est le droit légitime de l'Egypte de construire une barrière qui empêche les nuisances venant des tunnels construits sous Rafah. Ceux qui s'opposent à la construction de cette barrière violent les commandements de la loi islamique» a confirmé l'imam d'Al-Azhar, Mohammed Tantaoui.
Le Hamas pouvait difficilement assister en spectateur à la perte de ses principales sources de revenus. Plusieurs centaines de tunnels rapportent chacun 2 500 dollars par jour et occupent près de 15 000 personnes qui font passer de manière quotidienne un million de dollars de biens selon Issa Nashar, maire de Rafah. En écho à la construction du mur, le ministère de l'intérieur de Gaza menace que: «Les gens veulent vivre et avoir quelque chose à manger. Ils pourraient faire n'importe quoi. Mais j'espère qu'on n'en arrivera pas là».
Le Hamas a tenté de mobiliser les opinions arabes et musulmanes en suscitant des manifestations devant les ambassades égyptiennes des pays frères. Comble de l'insulte, les manifestants arboraient le portrait du président Moubarak marqué au front par l'étoile de David.
Plomb durci
Les évènements actuels ressemblent à s'y méprendre à ceux qui prévalaient avant l'opération «plomb durci» de janvier 2009. Les lancements de roquettes sont suivis de représailles et les morts touchés par l'aviation israélienneont déjà atteint la dizaine en une semaine. La reprise des hostilités par le Hamas semble répondre à trois objectifs.
Ne pouvant s'en prendre directement à leur voisin arabe qui construit un mur pour les neutraliser, les miliciens tentent de semer le trouble dans la région pour inciter les égyptiens à réviser leur position intransigeante qui vient de s'illustrer par l'interdiction faite à des convois humanitaires de traverser la frontière avec Gaza.
Le deuxième objectif est lié aux négociations pour la libération du soldatGuilad Shalit qui sont dans l'impasse. Benjamin Netanyahou a confirmé qu'il ne changerait pas sa position. Il n'était pas partisan d'accepter un diktat en contradiction avec sa doctrine de ne jamais négocier avec les terroristes. Il a précisé le 10 janvier qu'Israël n'acceptera pas de libérer «les symboles du terrorisme» et confirmé que le gel de la construction dans les implantations ne s'étendra pas au-delà des dix mois prévus. Khaled Meshal, le dirigeant politique du Hamas a fait savoir en écho que son organisation donnerait dans quelques jours sa réponse finale à l'offre israélienne d'échange de prisonniers. En réveillant la frontière sud, le Hamas veut se rappeler au bon souvenir des négociateurs pour leur faire comprendre qu'il n'y aura jamais d'accalmie si les conditions posées ne sont pas intégralement respectées. La situation est bloquée et nous risquons donc d'assister à une séries d'attaques à la roquette suivies de représailles qui pousseront l'Etat-major israélien à prôner une intervention massive contre Gaza pour mettre fin aux tirs. Une situation similaire a déjà été vécue en décembre 2009.
Représailles
Dans le raid aérien de représailles qui a eu lieu dimanche 10 janvier dans la soirée, dans le centre de la bande de Gaza, trois membres du Djihad islamique ont été tués. Certains experts israéliens émettent alors l'hypothèse que le réchauffement de la frontière avec Israël n'a pas été ordonnée par le premier ministre Ismael Haniyé lui-même mais serait une initiative du Djihad islamique qui apprécie mal l'accalmie décidée en haut lieu parce qu'elle a pour effet de démobiliser ses troupes. Cela expliquerait que les victimes visées appartiennent toutes à cette organisation.
Enfin, la mise au point avec succès par les israéliens du système anti-roquettes Kipat Barzel (Dôme de fer) qui sera opérationnel dès cet été pousse le Hamas à se manifester avant l'installation complète de cette protection qui risque de neutraliser l'action de ses miliciens. Le Hamas avait immédiatement réagi en présentant pour la première fois de nouveaux missiles introduits par les tunnels qui «constitueront une surprise pour Israël». Mais de source militaire israélienne on tend à expliquer qu'il n'y a rien de nouveau dans cette annonce qui doit s'insérer dans le cadre d'une politique d'intoxication.
Mahmoud Abbas et les égyptiens n'approuvent nullement la reprise des hostilités qui desservira leur cause et qui risque de toucher à nouveau les populations civiles palestiniennes. Pour Israël, les craintes manifestées au début du déclenchement du conflit entre Gaza et l'Egypte se confirment.
Jacques Benillouche
J'ai bien peur que les tirs de missiles reprenant, Israël entre à nouveau dans Gaza. La population civil va déguster un max servant de bouclier aux terroristes du Hamas.
JC

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Chamfort

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mps
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Message non lu par mps » 11 janv. 2010, 22:38:00

Comme disait Papin, fixer le couvercle sur une casserole en ébulition, et on est certain qu'il va sauter !

Qu'Israel maintienne le siège de Gaza et affame la population n'est pas une nouveauté.

Mais la décision de l'Egypte est plus bizaroide, et manifestement le fruit des pressions israéliennes : si les tunnels sont bloqués, les gens vont tout simplement mourir de faim.

Et question islamisme, je crains que cette situation paroxystique ne produise bien plus d'extrémistes en Egypte que les quelques illuminés qui y entre par un tunnel.

La population égyptienne n'appréciera guère que son gouvernement abandonne les palestiniens à leur sort dramatique, et va poursuivre une radicalisation déjà tangible.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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avatabanana
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Message non lu par avatabanana » 21 janv. 2010, 17:55:00

Je crois que c'est l'Orient.

On ferme le tunnel officiellement mais il reste.... entrouvert

C'est guerre dure depuis soixante ans.

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mps
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Message non lu par mps » 21 janv. 2010, 18:06:00

A moins que l'Egypte ne veuille rendre la survie, même minimale de Gaza, impossible, pour forcer des solutions plus correctes ?

La communauté internationale pourrait se réveiller, au prix d'un drame humanitaire total.
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avatabanana
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Message non lu par avatabanana » 24 janv. 2010, 18:55:00

Peut-être mais je n'y crois pas.

J'ai le pressentiment que ce conflit est nécessaire à l'équilibre de la région.

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