
Si Adolf Hitler était un grand lecteur,un ogre en la matière,
c'est non seulement parce qu'en bon homme politique il se devait de posséder
une culture vaste et transversale, c'est aussi parce qu'il était un passionné
qui ne se satisfaisait pas des généralités thématiques et du vulgaire vernis culturel.
Mais,avant tout,la lecture procurait au jeune Adolf puis au Führer
un enchantement extraordinaire tant il était réceptif aux images mythifiées proposées
en premier lieu par les récits d'aventures véridiques et par les livres d'histoire
ou de grandes épopées.
Timothy W Ryback, dans son dernier ouvrage élu meilleur livre de l'année 2008
par le Washington Post
(ce qui ne constitue cependant pas selon moi un cachet reluisant)
et intitulé sobrement Dans la bibliothèque privée d'Hitler,
fait l'inventaire * des ouvrages qui ont enchanté,influencé et intrigué l'auteur de Mein Kampf.
Qui,jeune enfant, dévora Don Quichotte,Robinson Crusoé,
voyages de Gulliver et, chose plus surprenante,La case de l'oncle Tom.
Plus tard il découvrit Shakespeare et Le Marchand de Venise;
ce qui marqua le commencement de la gestation de sa conscience politique
qui se structurait déjà au fond de son âme.
Mais,jeune soldat lors de la Première Guerre Mondiale;Hitler
restait encore accroché à ses rêves architecturaux et étudiait entre deux bombardements
les opuscules et traités sur le sujet.
Plus tard,sa rencontre avec Dietrich Eckart lui fit apparaître les dessous des cartes.
Et entreprit de lire toute la littérature antisémite qu'il découvrit brutalement.
Sur ce point le livre d' Henry Ford,:
Le juif international :Le problème du monde
(Edition de Cassandra),constitua une référence pour le jeune tribun sur lequel il s'appuya
durant de nombreuses années.
Jusqu'en 1933 Hitler dévora également les livres de Jünger
"J'ai lu toutes vos oeuvres, écrivit-il ainsi au géant.
J'y ai découvert le plus grand chantre des expériences vécues sur le front"
Et il s'inspira pour son propre travail d'écriture de Darwin et de Max Weber.
Il serait absurde de dresser une liste exhaustive de toutes les lectures d'Hitler
(aussi bien des essais philosophiques de Schopenhauer que des romans d'amour
très fleur bleue).
Nous pouvons en revanche évoquer celles qui ont soutenu dans l'épreuve
le Führer en fin de règne et qui apparaissent a posteriori
comme des antidotes à son désespoir.
Telle la monumentale biographie (2 100 pages) de Carlyle sur
Frédéric le Grand qui "n'était pas seulement un grand monarque,
mais aussi la preuve que le peuple prussien méritait un grand monarque.
Les deux doivent se mériter mutuellement."
*Dans la bibliothèque privée d'Hitler
(Le Cherche Midi,416 pages,index et annexes,21 euros)