Il faut que la grande distribution joue le jeu de la transparence." Face au blocage des plates-formes de supermarchés par les agriculteurs, Michel Barnier, leur ministre de tutelle, a tenté jeudi de calmer le jeu. Il s'est dit prêt à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances dans les enseignes, un geste jugé insuffisant par les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA, à l'origine de la contestation. Les deux syndicats agricoles appellent à poursuivre le mouvement.
Ils entendent dénoncer les marges des distributeurs et les effets pervers de la loi LME, qui favoriserait l'opacité des prix en encourageant des discussions déséquilibrées avec les fournisseurs. Adoptée en juillet 2008, la disposition était censée permettre aux grandes enseignes de faire baisser le prix final payé par le consommateur. Rapporteur UMP de la loi à l'Assemblée nationale, Jean-Paul Charié reconnaît : "En 10 à 15 ans, le transfert des profits des agriculteurs et industries agroalimentaires vers la grande distribution est indéniable. Hier, 15 % de marge suffisaient aux grandes surfaces. Aujourd'hui, 25 % est leur minimum !" Et de viser plus particulièrement certaines enseignes comme Leclerc qui "prétend de manière fausse pouvoir être toujours le moins cher" du secteur. Selon lui, l'État va s'attaquer aux négociations abusives pour éviter qu'une enseigne ne réclame aux fournisseurs "X % de remise sans aucune contrepartie". Des pratiques qui n'ont cependant rien à voir avec la loi LME, affirme-t-il. Celle-ci impose, selon le rapporteur de la loi, un "juste équilibre entre fournisseurs et revendeurs".
En février, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) et l'UFC-Que Choisir ont adressé mercredi des lettres en ce sens à la ministre de l'Economie Christine Lagarde et au ministre de l'Agriculture Michel Barnier, tutelles de l'Observatoire. Les deux organisations demandent que l'Observatoire «étudie en urgence la construction des prix du lait, des fruits et légumes de saison, du jambon ainsi que des viandes fraîches de boeuf, de porc et de volaille».
Elles demandent également que l'observatoire «quantifie et rende publiques les marges nettes réalisées à chaque étape de la filière et pour chaque circuit de commercialisation (grandes surfaces, hard discount et petits détaillants)». Enfin, la Fnsea et l'UFC souhaitent que l'Observatoire «assure un rôle d'alerte lorsque les marges progressent de manière inexpliquée». la Fnsea et l'UFC-Que Choisir rappellent que le rapport du secrétaire d'Etat chargé de la prospective, Eric Besson, publié en décembre, avait souligné les «marges importantes» réalisées par la distribution. Il citait notamment l'exemple d'une marge nette de 26% sur le porc. Il signalait aussi de «fortes prises de marges» pour certains fruits et légumes, comme la tomate et la pomme. Fin janvier, une enquête de l'UFC-Que Choisir mettait en exergue «un écart grandissant sur les 18 dernières années entre les prix agricoles et les prix en rayon des viandes de boeuf, de porc et de volaille». Le gouvernement a annoncé qu'il allait "généraliser les contrôles" sur les prix dans la grande distribution et "sanctionner quand il le faudra", après une rencontre avec des représentants des agriculteurs qui protestent contre les marges des grandes surfaces. Une "brigade de contrôle" composée d'inspecteurs et contrôleurs de la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCCRF) va être créée à cet effet.

Qu'en pensez vous ? Pensez vous que la grande distribution fait de grosse marge ? Le producteur et le consommateur seraient ils les grand perdants ?
A plus tard,